Le PzKpfW V Panther
Affirmer que le Panzerkampfwagen V « Panther » est une formidable machine de guerre est un euphémisme. Il suffira de dire que ce véhicule, bien qu’imparfait, est probablement le meilleur char de combat de la seconde guerre mondiale, succédant dans cette qualité au fameux T34 russe, à qui il doit jusqu’à son existence. Le Panther est le premier engin de combat allemand d’une toute nouvelle génération, intégrant le meilleur du savoir faire germanique en matière de chars. Et, comme nous allons le voir, les ingénieurs du Reich vont faire preuve d’une adaptabilité et d’un savoir faire extraordinaire. Les bases techniques de la conception de ce véhicule serviront de modèle, et ce bien après la fin de la guerre. En quelque sorte, il s’agit du premier « main battle tank » moderne, d'ailleurs adoptée par l’Armée Française à la fin du conflit.
Au début de la guerre, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les Panzerdivisionen, sont techniquement peu adaptées à la lutte antichar. Si l’arme blindée allemande ne rencontre pas d’adversaires à son niveau en Pologne, la situation est bien différente en France, lorsque les Panzers sont confrontés aux meilleurs chars français.
Le PzKpfw III, déjà trop faiblement armé et blindé pour affronter les B1 bis ou les Somua S 35 français, l’est encore moins en URSS l’année suivante, lorsqu’il se trouve confronté aux T34 et KV1 de l’Armée Rouge. Le PzKpfw IV n’est quant à lui pas mieux protégé que le PzKmpfw III et son 7.5 cm court (modèle KwK37 L/24) n’est pas conçu pour engager les chars ennemis. Ces faiblesses intrinsèques de la Panzerwaffe sont néanmoins grandement compensées par une supériorité stratégique et tactique, ainsi que par un emploi massif et pertinent des technologies modernes comme la radio et l’aviation. Mais les pertes d’engins blindés, déjà lourdes en France, sont parfois alarmantes sur certains secteurs du front russe.
Le 2 juillet 1941, une contre-attaque soviétique dans la région de Borissov voit le premier engagement des T34 contre une Panzerdivision (la 17.). L’action russe, finalement repoussée, met brutalement en évidence l’inefficacité de l’ensemble des moyens antichars allemands face à l’engin soviétique, à l’exception de l’artillerie, mais surtout du 8.8cm de Flak. Cette infériorité flagrante se répète à plusieurs reprises, comme par exemple lors d’une attaque blindée russe au Sud de Mtsensk le 6 octobre 1941, durant laquelle la 4. Panzerdivision subit de sévères pertes, causées par des T34.
La Panzerwaffe presque incapable de venir a bout d’un T34
De l’aveu même de Guderian, détruire un T34 avec un PzKpfw IV n’est possible que par derrière, en tirant sur les panneaux situés au dessus du moteur, alors que le blindé russe peut facilement venir à bout du Panzer de face et à plusieurs centaines de mètres. Le PzKpfw III, quant à lui, doit s’approcher à bout portant pour espérer perforer son blindage latéral ou arrière. La comparaison des meilleurs chars des deux camps tourne tellement à l’avantage de l’Armée Rouge que le 11 octobre 1941, Guderian demande l’envoi au front d’une commission de l’Heereswaffenamt, le service chargé de la conception des chars, afin d’étudier le T34 et prendre en compte ses caractéristiques techniques dans l’élaboration des nouveaux engins. La commission arrive sur place le 20 novembre, trois jours après le premier mouvement de panique important enregistré lors de la campagne de Russie, survenu au sein de la 112. Infanterie-Division, prise violement à partie par des troupes sibériennes fraiches et un groupement blindé composé principalement de T34.
Grâce à différents exemplaires de la machine soviétique tombés en parfait état aux mains de le Wehrmacht, les officiers, ingénieurs et techniciens de la commission peuvent étudier l’engin dans le détail. Mises à part les optiques de tir et quelques défauts de jeunesse, le T34 est en tous points supérieur au PzKpfw IV. Le constat est sans appel, l’Armée Rouge possède un char bien plus évolué que tout ce que la Panzerwaffe peut lui opposer. Particulièrement marqués par le blindé russe, plusieurs officiers interrogés par la commission demandent même de copier purement et simplement le char soviétique, afin d’obtenir la solution industrielle la plus rapide possible.
Devant la gravité de la situation, le 25 novembre 1941, Hitler ordonne l’étude et la réalisation d’un char moyen devant surclasser le T34 et le Heereswaffenamnt en transmet les premières spécifications à Daimler-Bentz AG (Berlin) et Maschinenfabrik Augsburg Nürnberg AG (Nuremberg). La réalisation de l’armement principal, le futur 7.5cm KwK 42/L70, est confiée à Rheinmetall-Borsig (Düsseldorf). Le char ne devra pas dépasser les 35 tonnes en ordre de marche, il disposera d’un blindage frontal de 60 mm incliné à 35°, d’un blindage latéral de 40 mm incliné à 50° et d’une protection de 16 mm pour le châssis et le toit. Son moteur fournira une puissance de 650/700 cv, lui permettant une vitesse maximum de 55 km/h. Il devra en outre posséder une autonomie de fonctionnement de 5 heures.
Le 22 janvier 1942, les deux constructeurs présentent les avancées de leurs projets respectifs. L’engin proposé par DB ressemble physiquement au T34. Il possède une transmission arrière, une motorisation diesel et un train de roulement à grandes roues muni d’une suspension par ressorts à lames. De son coté, MAN présente un engin aux lignes originales, muni d’une transmission aux barbotins avants, d’une motorisation essence et d’un train de roulement composé de huit paires de galets de chaque coté. La suspention, assurée par double barres de torsion est une technique nouvelle pour l’époque. Elle présente différents avantages comme son intégration sous le châssis du véhicule et donc une moindre sensibilité aux aléas des situations de combat. Le plus grand nombre de galets donne aussi une meilleure répartition du poids au sol, mais il rend plus difficiles les opérations de maintenance car il est nécessaire de démonter les roues extérieures pour accéder aux roues intérieures.
Les deux projets répondant a priori aux spécifications initiales, chaque constructeur est non seulement autorisé à poursuivre ses développements mais il est aussi pressé afin d'aboutir au plus vite. L’urgence est telle que le 6 mars 1942, Hitler ordonne la mise en production de 200 exemplaires du modèle proposé par DB, en se basant sur son propre avis et sur celui d’Albert Speer, alors ministre de la production allemande d’armements. Cependant, en mai 1942, lorsque les deux firmes ont enfin achevé leurs projets, une commission d’étude est mise sur pied par l’OKH pour comparer les deux études. Tous les détails sont passés au crible et sur bien des points les deux chars se valent. L’armement est identique, puisque imposé et la différence de consommation due à un choix de carburant différent, est compensé par MAN à l’aide de réservoirs d’une capacité plus importante (750 litres contre 550 pour DB).
Les deux engins sont néanmoins plus lourds que prévu. Si la colonne de transmission encombre le compartiment de combat du véhicule proposé par MAN, elle est facilement accessible et les interventions de maintenance et de réglage sont plus simples. L’équipage doit cependant supporter un niveau de bruit et d’odeur supérieur. En revanche, la commission juge trop étroite la tourelle proposée par DB, bien que la différence de circonférence entre les deux modèles ne soit que de 50 mm. Il est utile de préciser, pour en comprendre les raisons, que la taille de la culasse de la pièce choisie occupe une place conséquente.
D’autres différences majeures opposent les deux machines. La toute nouvelle suspension à barres de torsion proposée par MAN est bien plus efficace et mieux protégée. Elle permet une plus grande vitesse en terrain accidenté. Si la répartition du poids au sol du char est meilleure chez MAN (0,68 bar contre 0,83 bar pour le projet de DB), l’autre engin possède un meilleur équilibre général de la masse du char. La tourelle, située plus en avant du châssis, compense mieux le poids du moteur. Le Panther MAN dispose d’un compartiment de combat plus spacieux, avec 7,26 m3 contre 6,43 pour DB, mais il il accuse en conséquence une hauteur supérieure de 195 mm.
Chaque engin possède des particularités le rendant plus performant que son concurrent. Le Panther MAN, par exemple, propose des qualités amphibies bien supérieures mais le Panther DB est équipé d’un type de train de roulement déjà utilisé et connu des services techniques de la Wehrmacht. Faisant appel aux mêmes techniques de production, les deux engins ne pourront pas être départagés du point de vue industriel. La fabrication d’un char nécessite 1078,5 heures chez MAN contre 1063 pour DB.
La Panther MAN jugé meilleur, contre l’avis d’Hitler
Le 11 mai 1942, après délibération, la commission rend son verdict et donne l’avantage au projet MAN. Le compte rendu est présenté à Hitler le 13. Bien que convaincu que le principe d’une transmission aux barbotins arrière soit meilleur, le Chancelier émet des doutes quant à la suffisance du blindage frontal et demande une journée de réflexion pour étudier les recommandations de la commission. Le 14, il en valide la décision mais demande que le blindage frontal soit porté à 80 mm. Hitler interviendra à nouveau quelques semaines plus tard pour demander un renforcement supplémentaire (100 mm), convaincu, à juste titre d’ailleurs, qu’à la date d’entrée en service du Panther, les armes ennemies auront elles aussi progressé.
L’organisation de la production est déjà en cours d’étude au Reichministerium für Rüstung und Kriegsproduktion (Ministère de la production de guerre) lorsque la décision est prise. Bien que techniquement très supérieur, le Panther coute à peine plus cher à construire qu’un PzKpfw III (117.100 Reichsmark contre 96.163). Le PzKpfw V Panther, considéré comme le futur char de bataille principal de la Panzerwaffe, entre en production chez MAN et DB, ainsi que dans deux autres usines (Maschinenfabrik Niedersachsen Hannover (MNH) et Henschel Kassel).
250 Panther doivent être disponibles pour le printemps 1943
Le 4 juin 1942, lors de la réunion suivante au Reichministerium für Rüstung und Kriegsproduktion, une première étude de production est proposée, en fonction de la volonté de disposer de 250 Panther en mai 1943. Tenant compte des capacités de production des différentes usines concernées, DB se voit attribuer 91 chars à produire, MAN 84, MNH 61 et Henschel 36, soit un total théorique de 272 Panther. Toutes sociétés confondues, le premier char sera livré en novembre 1942, suivi de 4 autres en décembre, 22 en janvier 1943, 54 en février, 84 en mars et 97 en avril. La production s’effectue au détriment de celle des PzKpfw III, devenu complètement obsolète.
Mais la production prend du retard, principalement en fonction de délais trop justes accordés aux sous-traitants pour développer et fabriquer certaines pièces. Cependant, un premier prototype en acier doux et sans tourelle sort de l’usine MAN à la fin du mois de septembre 1942, mais certaines pièces, touijours manquantes, ont été provisoirement remplacées par d’autres. Les essais ne peuvent réellement commencer que les 2 et 3 novembre sur le terrain d’entrainement du Panzer-Regiment 2 à l’aide de deux Panther dépourvus d'optiques de tir. La mobilité des nouveaux chars est comparée à celles d’autres engins (des PzKpfw III et VI, quelques véhicules semi-chenillés, mais aussi un T34 et un KV1). Albert Speer conduit lui-même l’un des deux Panther pendant plus d’une heure sur le terrain de manœuvre et constate que le véhicule y est parfaitement à l’aise.
MAN livre ses quatre premiers Panther de série le 11 janvier 1943, mais quelques accessoires sont toujours manquant et seront livrés ultérieurement. Le 10 mai 1943, lors d’une réunion à la Chancellerie, en présence d’Hitler et de Guderian, les retards se productions sont clairement exposés, mais les prévision indiquent que le nombre de chars fabriqués pour le 31 mai dépassera d’au moins une cinquantaine d’exemplaires, les 250 Panther prévus initialement.
Cette première série prend l’appellation d’Ausf D, elle est identifiable à l’excroissance de la tourelle située sous le tourelleau du chef de char, lui aussi spécifique à cette version et très similaire à celui d’un PzKpfw IV. L’Ausf D est également la seule version à disposer de trappes latérales et arrière de tourelle permettant l’utilisation d’armes individuelles depuis l’intérieur de l’engin. Les vingt premiers Panther fournis par MAN ne disposent que de 60mm de blindage frontal avant que celui-ci ne soit porté à 80mm, selon la demande du Führer. 850 Panther Ausf D sortent d’usine entre février et septembre 1943, portant des numéros de châssis compris entre 210001 et 210254 ainsi que 211001 et 214000. En 1944, 41 Ausf D sont reconvertis en Panzerbeobachtungswagen Panther (Panther d’observation d’artillerie). Leur armement principal est démonté et remplacé par une pièce factice, afin de disposer de la place nécessaire pour embarquer l’appareillage d’observation.
Un premier engagement catastrophique
A l’été 1943, 484 Panther ont été produits et 428 sont disponibles. Le déclenchement de l’opération « Zitadelle » à d’ailleurs été reporté par Hitler à juillet 1943 afin de pouvoir mettre les nouveaux chars en ligne en nombre appréciable. Pourtant, à cette époque, Guderian et Albert Speer s’opposent à leur engagement. Les deux hommes estiment à juste titre que le char souffre encore de défauts de jeunesse. L’engin souffre en particulier de problèmes de motorisation, de transmission, de train de roulement et d’optique de tir. Ils recommandent d’attendre que tous les tests de fiabilité soient effectués, mais aussi que les équipages aient acquis une bonne maitrise de la nouvelle machine. Mais rien y fait, 192 (200 ou 207 selon certaines sources) PzKpfw V sont envoyé au combat au sein de deux unités blindées nouvellement créées, les Panther Abteilungs 51 et 52, regroupés en une Panther Brigade 10. mise à la disposition du 48. Panzerkorps de la 4. Panzerarmee (Heeresgruppe Süd).
La Panther Brigade attaque le 5 juillet et les résultats sont catastrophiques. Tout d’abord, quelques 65 engins tombent en panne avant la bataille et une part non négligeable des rescapés est immobilisée par des champs de mines. Les chars restants sont néanmoins engagés et pris à partie par une puissante défense antichar russe. Faute de disposer d’engins de dépannage adéquats en nombre suffisants, la majorité des chars immobilisés, restée sur le terrain, doit être sabordée par les équipages lorsque l’Armée Rouge contre-attaque. En conséquence, la Panther-Brigade 10 cesse d’exister en quelques jours. Certes, le bilan est catastrophique, mais il s’avère que l’analyse des combats reste prometteuse. Le char surclasse incroyablement tous les engins soviétiques et parvient à les mettre hors de combat jusqu’à des distances avoisinant 3000 mètres. L’armement principal du Panther fait merveille et bon nombre de chars ennemis ont été mis hors de combat entre 1500 et 2000 mètres, soit hors de portée pratique des armes antichars russes. Les caractéristiques balistiques de la pièce de 7.5cm KwK42 L70 sont d’ailleurs supérieures au 8.8cm KwK36 L56 du Tiger et ce, à toutes les distances usuelles de combat.
Après « Zitadelle » d’autres Panther Ausf D sont livrés et attribués à deux Panzer-Regiments indépendants, les 23. et 26. ainsi qu’au Panzer-Regiments des divisions SS Das Reich et Leibstandarte Adolph Hitler. De nombreux enseignements sont tirées des premiers engagements du Panther et une nouvelle version (l’Ausf A) voit le jour. Le train de roulement est renforcé et le tourelleau du chef de char est remplacé par un nouveau modèle plus efficace, muni d’un rail circulaire pour le montage d’une mitrailleuse de défense antiaérienne, (il semble néanmoins que cet accessoire ait également été vu sur les derniers Ausf D produits). Le nombre d’écrous de fixation des roues sur les moyeux est augmenté et le système de refroidissement du moteur est renforcé.
D’autres améliorations sont également apportées en cours de production comme le remplacement de la trappe de tir de la mitrailleuse de caisse, dite « boite aux lettres » par une petite casemate circulaire permettant la disponibilité permanente de l’arme. La défense rapprochée de l’engin est améliorée par le remplacement des trappes d’ouvertures de tourelle par un lance bombes fixé sur le toit du véhicule. L’optique de tir est également remplacée en cours de production par une version améliorée. La trappe latérale de tourelle permettant l’approvisionnement en munition disparait elle aussi.
Produit à 2000 exemplaires entre aout 1943 et mai 1944 (numéros de châssis compris entre 151001 et 160000 ainsi que 210255 et 211000) l’Ausf A est engagée sur tous les fronts et certains exemplaires perdureront jusqu’à la fin du conflit. Bien que bénéficiant de nombreuses améliorations techniques, certains problèmes ne sont pas résolus et la motorisation et la transmission du char restent fragiles.
Vers un niveau de production supérieur à celui du PzKpfw IV
En dépit des bombardements alliés sur les infrastructures économiques allemandes, la production des Panther augmente et 1783 exemplaires des versions Ausf D et A sortent des chaines en 1943 (1768 selon d’autres sources). Cette montée en puissance de la production de l’engin ne permet pas de remplacer le PzKpfw IV mais le Panther entre en quantité quasi égale avec lui dans la dotation théorique de la Panzerdivision modèle 1944 avec 79 chars (contre 81 PzKpfw IV). Le bataillon de Panther comprend théoriquement quatre compagnies de 17 engins complétés par quelques véhicules du même type répartis entre la Stabskompanie de la compagnie et la Stabskompanie régimentaire.
Lors de leurs réorganisations, la majorité des Panzerdivisionen reçoit un nombre appréciable de Panther en 1944 (entre 71 et 91 engins). Mais les pertes seront ensuite beaucoup plus difficiles à combler, surtout qu’un nombre non négligeable d’exemplaires va être attribués à des Panzer-Brigades indépendantes. Or, ces unités sont loin d’être comparable aux Panzerdivisions, car elles sont par exemple dénuées d’unités de reconnaissance et de maintenance lourde.
Une dernière version opérationnelle du Panther voit le jour en mars 1944, l’Ausf G. Elle comporte de nombreuses améliorations techniques et physiques tenant compte de l’expérience du combat. Extérieurement, le Panther Ausf G est facilement identifiable par la suppression de la trappe de vision du pilote, remplacée par un périscope rotatif. Le conducteur dispose également d’un système de commandes extensibles et d’un siège à hauteur réglable afin de faciliter la conduite en dehors des zones de combat, la tête dépassant par la trappe située au dessus de son poste. Le décrochement de fin de caisse disparait et le blindage latéral de caisse est porté à 50mm. A partir de septembre, le bouclier du canon est modifié car les projectiles ennemis frappant la partie basse de l’ancien modèle ont tendance à être rejetés sur les trappes d’accès du pilote et du radio. D’autres modifications techniques internes sont apportées, principalement dans le but de fiabiliser l’engin et de simplifier sa production. 3126 Ausf G sortent des chaines entre mars 1944 et avril 1945 (numéros de châssis commençant à partir de 120301, 124301 et 214001).
Entre mai 1943 et février 1945, 329 Panther de toutes versions sont convertis en Panzerbefehlswagen mit 7,5cm KwK42 L/70 (chars de commandement). Le matériel de transmission supplémentaire est installé en lieu et place d’une partie des munitions, passant ainsi de 79 (81 pour l’Ausf G) à 64. Cette série est aisément identifiables à la présence de deux antennes radio supplémentaires dont l’une est bien souvent de type « parapluie ».
L’avenir du Panther le rapproche du Tiger
A partir de février 1943 le Heereswaffenamt envisage de rendre interchangeable un certain nombre d’organes mécaniques des chars Panther et Tigre afin de simplifier la production et la tâche des services de maintenance. L’aboutissement de ce projet doit donner le jour à deux nouvelles versions des engins existants, nommées Panther II et Tiger II. Le projet avance assez lentement, principalement en fonction de la charge de travail énorme supportée par les usines d’armement et le Panther II ne pourra entrer en production avant la fin de 1944, voir même le début de 1945.
Le 4 janvier 1944, lors d’une réunion de l’Arbeitskreis Panzer (groupe de travail du Reich en charge du développement des chars) certaines précisions sont apportées. Au-delà de la prochaine évolution du PzKpfw V, appelée Ausf F, devant entrer en production en 1945, une refonte importante de l’engin sera faite, et un grand nombre de pièces seront, comme convenu, communes avec le Tiger II. Le futur Panther II sera équipé de la tourelle de l’Ausf F, mieux blindée et plus petite que la précédente. L’armement principal, sera remplacé par la pièce de 8,8cm KwK43 L71 armant le Tiger II et le canon sera stabilisée, ce qui, pour l’époque, représente les premières ébauches d’une avancée technique remarquable. Mais ni le Panther Ausf F, et encore moins le Panther II n’entreront en production.
Signalons également la mise au point d’un système de visée nocturne basée sur l’émission d’un faisceau infrarouge, monté et testé avec une certaine réussite sur un Panther Ausf G. Ce projet restera au stade du prototype, ainsi que différentes versions de l’engin, comme le Flakwilling 3,7cm auf Panzerkampfwageb Panther, destiné à la lutte antiaérienne et équipé d’une tourelle blindée et fermée, armée de deux pièces de 3,7cm Flak43. Les ingénieurs allemands imaginent également un Sturmpanther recevant comme armement principal un canon de 15cm StuH43/1, ou encore une autre version du char dotée d’un 15cm sFH18 (Geschützwagen Panther für sFH18/4(Sf)).
La production de Panther progresse encore en 1944 avec 3749 engins fabriqués (3768 selon une autre source) contre 3126 PzKpfw IV sortis d’usine pendant la même période. Le Panther est engagé de plus en plus massivement à l’Est comme à l’Ouest. Ses qualités balistiques font merveille lorsque son champ de tir est dégagé, mais il perd cet avantage dans les combats rapprochés comme cela se vérifie dans le bocage normand, dès juin 1944. Son pire ennemi à l’Ouest vient du ciel, et les chasseurs-bombardiers en détruisent un grand nombre. Rappelons également qu’environ 450 Panther seront par exemple engagés pendant l’opération « Watcht am Rhein », renommée « Herbstnebel » (Bataille des Ardennes) avec, pour anecdote, quelques exemplaires camouflés en M36 US dans le but de tromper l’ennemi.
Les derniers mois
A partir des derniers mois de 1944, l’approvisionnement en pièces devient de plus en plus difficile, et il parait incroyable de nos jours que l’industrie allemande ait pu produire autant de chars dans les conditions supportées par le Reich à cette époque, bombardé jour et nuit par des nuées de quadrimoteurs alliés. De Janvier à mai 1945, l’Allemagne parvient à fabriquer 441 Panther (459 selon une autre source) mais les pertes sont massives et les Panzerdivisions de 1945 ne comptent au mieux qu’une quarantaine de Panther. La qualité des blindages diminue et les plaques de blindage se brisent parfois à l’impact d’un obus. Bien que faisant souvent preuve d’un courage exemplaire, les équipages de Panther détruisent de nombreux chars ennemis mais ils succombent les uns après les autres face au déferlement de l’Armée Rouge à l’Est et des Alliées occidentaux à l’Ouest. Les derniers exemplaires combattent à Berlin, parfois enterrés et prenant en enfilade les rues de la capitale Allemande.
Le Panther achève sa carrière opérationnelle dans les ruines de Berlin et restera, à juste titre, l’un des véhicules les plus célèbres de la seconde guerre mondiale. Techniquement très en avance sur son époque, il aura mis hors de combat des milliers d’engins ennemis et ne succombera que sous le nombre. Très apprécié de ses équipages malgré des faiblesses mécaniques jamais vraiment résolues, il aura combattu sur tous les fronts avec de nombreux succès retentissants, faisant de lui, de l’avis de bon nombre de spécialistes, le meilleur char de la seconde guerre mondiale. Remarquable palmarès pour un engin dont la durée de vie n’aura pas dépassé trois ans et demi, de sa conception à la fin de production.
6042 Panther, toutes versions confondues, (5976 selon une autre source) auront été produits entre 1943 et 1945 dont 329 chars de commandement et 41 reconvertis en engins d’observation d’artillerie. La carrière du Panther perdurera quelques années après la Seconde Guerre mondiale, en particulier au sein de l’armée française, au moins jusqu’en 1951, comme en témoignent différentes notices techniques.
Le 503e Régiment de chars de combat en comptera une cinquantaine, en versions Ausf A et G. D’autres machines du même type, ainsi que quelques Jagdpanther seront stationnés à Satory et Bourges mais le char ne sera maintenu que quelques années au sein de l'armée française, faute de pièces détachées. Certaines sources précisent également que l’URSS aurait elle aussi intégré un nombre indéterminé de Panther au sein de ses armées dans l’immédiat après-guerre.
De nos jours, il est possible d’admirer quelques Panther dans différents musés, dont certains sont parfaitement restaurés et en état de marche, comme l’un des exemplaires du musée des blindés de Saumur vu sur la photo ci-dessous en 2008 :
Caractéristiques techniques :
Sources :
Armor on the eastern front, W. J. Spielberger et U. Feist, 1968
Encyclopédia of german tanks of world war two, revised edition, P. Chamberlain, H. Doyle et T. L. Jentz, 1993
Engins blindés, technique générale des véhicules blindés, 1re et 2e partie, capitaine Duchange, 1950 et 1951
Panther & its variants, W. J. Spielberger
Panzer Tracts n° 5-4, Panzerkampfwagen Panther II et Panther Ausfuehrung F, T. L. Jentz et H. L. Doyle, 2006
Panzerkampfwagen V Panther, W. J. Spielberger et U. Feist, 1968
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