Yves Debay
Journaliste et correspondant de guerre
Yves Debay parcourt les zones de conflit les plus dangereuses du globe, et bien souvent hors des sentiers battus. Après un passé militaire, il se lance dans le reportage et la rédaction d'articles, comme pour le magazine Raids pour lequel il travaille pendant une vingtaine d'années.
Ainsi, il est présent au Liban, en Yougoslavie ou en Afghanistan et suit également les deux guerres du golfe. Il rapporte des textes et des photos, et se construit une solide réputation de courage au sein des correspondants de guerre. Son grand coeur, tout comme ses "coups de gueule" sont bien connus dans le milieu.
Son mode opératoire, souvent "en pointe" et en solitaire, donne à ses articles une vison réaliste des conditions du terrain, là où les soldats combattent et meurent. En pointe, il l'est même parfois trop. Pendant la guerre du golfe, il est capturé par les Irakiens alors qu'il visite des avant-postes. Il profite alors de la situation pour continuer son métier de journaliste et en rapporte des témoignages uniques. Depuis quelques années, Yves Debay a créé son propre magazine, Assaut, et continue de visiter les conflits à sa manière, pour ses lecteurs.
Il possède une solide réputation au sein de l'armée française, pourtant méfiante à juste titre des médias. Souvent les soldats se reconnaissent dans ses articles, écrits sans langue de bois et dépeignant des situations bien plus proches de ce qu'ils vivent. Le journaliste y dresse le portraits des situations comme il les voit, avec son regard de spécialiste des conflits modernes et des hommes qui y combattent.
Ancien soldat, Yves Debay possède les bases et la pratique du milieu militaire. Il parle le langage des soldats et sait les écouter. Il les respecte et eux le font aussi, reconnaissant ainsi ses longues année de travail passées au feu, et parfois avec un certain mépris du danger. Mais c'est l'unique méthode pour rapporter sa vision de l'évènement, empreinte de témoignages directs et de l'avis des hommes en pleine action. L'ensemble donne des articles sans fioriture et sans censure. Il est encore plus libre depuis la création d' Assaut.
Bien souvent, le ton de ses écrits dissonne. La vision d'un évènement qu'Yves Debay rapporte du terrain est bien différente de celle donnée par les grands médias. Le texte proposé ci-dessous, écrit par le journaliste en 2011, raconte la libération d'une équipe de deux journalistes de FR3 particulièrement médiatisée à l'époque.
Ce compte rendu de situation, aussi clair qu'explicite, dépeint la scène d'une toute autre façon. C'est la voix et le regard de ceux qui l'ont vécue. Au delà de décrire les conditions difficiles rencontrées par nos troupes, alors engagées en Afghanistan, cet article donne à réfléchir sur les grands médias français, et par conséquence sur une certaine vision de la démocratie.
Je terminerai cette présentation en précisant qu'Yves Debay a été abattu jeudi 17 janvier 2013 à Alep, dans le nord de la Syrie, par un tireur embusqué. A son habitude, il effectuait un reportage pour son magazine dans une zone particulièrement dangereuse. Il est probablement parti comme il l'aurait souhaité, en pleine action.
Une cérémonie funèbre lui a rendu hommage lundi 4 férvrier 2013 à Boulogne Billancourt, en présence de bon nombre de ses proches et de nombreux militaires. Une superbe oraison a été proposée à l'occasion par l'évèque aumonier général des armées.
Ses reportages sur le vif vont manquer...
Par Yves Debay, journaliste et correspondant de guerre
"En Kapissa ou en Surobi, à l’annonce que j’étais journaliste, des militaires ne me connaissant pas me jetèrent un oeil noir tandis que d’autres n’hésitaient pas à me dire: « J’espère que vous n’êtes pas comme GHESQUIERE et TAPONIER ». Heureusement la majorité des soldats connait ASSAUT et son dinosaure de chef et je fus formidablement accueilli lors de mon séjour en Afghanistan. C’est ici dans l’infernale chaleur de l’été afghan, au milieu de ces simples héros que sont nos soldats que je pus me rendre compte de l’injustice ressentie par ces derniers vis-à-vis du traitement médiatique réservé aux journaliste otages.
Dans le sauna ambulant qu’est un VAB ou à la popote le soir avec une bière, j’ai souvent entendu dire : "ils ont eu leurs portraits sur l’arc de triomphe et nos camarades tombés pour la France n’ont droit qu’aux entrefilets dans les journaux ou un court communiqué entre la météo et les résultats du tiercé dans l’audiovisuel."
Ceci est tout à fait vrai mais nous savons hélas que la vie est injuste, que nos soldats sont de grands modestes et que les médias, les proches et les comités de soutien ne pouvaient que se battre pour libérer les deux otages en choisissant la médiatisation à outrance. Ce n’était peut être pas la meilleure solution mais elle avait l’avantage de mettre en avant un certain lobby de la presse personnalisé par les deux « martyrs ». Malgré la légèreté dont ils avaient fait preuve, ces hommes étaient des Français et ils avaient payé de 547 jours de liberté leur faute. « La punition avait été trop longue » selon certains milieux… A l’annonce de leur libération, on s’était dit: « bravo, ils vont enfin retrouver leur foyer ». On savait le passage médiatique obligatoire et ceux qui connaissaient vraiment la personnalité des deux reporters espéraient qu’à défaut d’un acte de repentance non demandé, ils feraient preuve d’un peu d’humilité. Hé bien non! GHESQUIERE en bon antimilitariste primaire, oubliant les moyens qu’elle avait mis pour les localiser, n’a pu s’empêcher d’accabler l’Armée française. De plus il a menti à plusieurs reprises sur les conditions ayant mené à la capture de l’équipe de France 3.
L’armée n’en veut pas mais le ministre les impose !
Par respect pour nos soldats qui jamais n’auront droit à un tel traitement médiatique et dans un simple but d’information, ASSAUT va simplement vous révéler certains faits qui vous démontreront que les « idoles » n’étaient simplement que des ambitieux cherchant le scoop à tout prix et non des journalistes responsables. Ils vont sans doute faire un bon petit livre, un témoignage certes, mais qui risque d’être aussi un dossier à charge contre une institution qu’ils vomissent et qui est l’Armée Française. S’ils s’étaient montrés humbles et avaient remercié publiquement les dizaines de soldats qui ont risqué leur vie pour les retrouver, la page aurait été tournée et beaucoup de choses oubliées, mais voilà l’idée n’a même pas du les effleurer. Ce genre de mec n’est pas de la race des grands journalistes assumant la responsabilité de leurs actes, mais de celle des fouilleurs de poubelles pétris d’idéologie que chérissent les responsables des grandes chaines publiques. Le mélange d’anti-militarisme, de volonté d’abaissement de la France par l’auto-culpabilisation perpétuelle additionnée d’une recherche malsaine du sensationnel ont mené au drame de cette prise d’otage qui a causé mort d’homme; car il y aurait bien mort d’homme! Un Afghan, leur chauffeur de taxi aurait été abattu par les Talibans lors de leur capture. Et les soldats qui ont contribué à leur recherche et sécurisé leur libération…ils y ont pensé?
Cette pénible histoire a commencé par une demande de FRANCE 3 à l’État Major des Armées qui souhaitait envoyer sur le terrain GHESQUIERE et TAPONIER pour effectuer un reportage dans le cadre de l’émission « Envoyé Spécial ». La demande fut refusée pour deux raisons. La première était que les deux reporters n’avaient guère d’expérience et de connaissance sur l’Afghanistan à part TAPONIER et la seconde était que vu les antécédents des deux hommes, l’Armée de Terre n’avait rien à gagner à les voir oeuvrer sur des sites où une certaine réserve doit être de rigueur. Bref, les militaires savaient parfaitement que l’équipe de France 3 venait en Afghanistan non pour effectuer un travail objectif mais pour y rechercher du sensationnel. Suite à ce refus, la chaîne forte de ses appuis politiques se tourna vers le ministre de la défense de l’époque Hervé MORIN qui imposa aux militaires la présence des deux reporters au sein des garnisons d’Afghanistan. Ceux-ci emprunteront un avion militaire pour se rendre au pays de l’Insolence. GHESQUIERE et TAPONIER étaient plus que prévenus A peine débarqués sur le sol afghan, les deux hommes vont se faire remarquer par leur arrogance, leur goujaterie et bien sûr le rejet de toutes les règles d’usage lorsqu’on travaille avec des militaires sur un théâtre d’opération. Lorsqu’un reporter arrive en Afghanistan, il a préalablement signé une série de documents en Anglais pour obtenir sa carte d’accréditation ISAF. La procédure est certes lourde et je suis le premier à m’en plaindre mais on ne peut nier que ces documents mettent en garde le journaliste sur les dangers que comportent un séjour dans l’Afghanistan en guerre. GHESQUIERE et TAPONIER étaient plus que prévenus, donc l’argument qu’on ne leur aurait pas dit que l’Afghanistan est un endroit dangereux est bancal. Je crois que n’importe quel citoyen lambda sait qu’il y a une guerre en Afghanistan et que la guerre ça blesse, tue ou mutile. De plus si l’ISAF impose le port du casque et d’un gilet pare-éclats c’est qu’il y a des raisons et nos deux « héros » le savaient parfaitement. Enfin dernier point, à l’arrivée au centre de presse de Warrehouse à Kabul, rebelote, il faut à nouveau signer une série de formulaires en Français cette fois. On y trouve une décharge exemptant les forces armées Française de toutes responsabilités en cas de blessures ou de mort au combat dans le cadre du reportage. Ces formulaires, GHESQUIERE et TAPONIER les ont obligatoirement signés. Donc ils mentent et prennent le public et les membres de leur fan club pour des idiots en déclarant que l’Armée française ne les a jamais mis en garde sur les dangers d’un séjour en Afghanistan. Une fois les documents signés, la communication opérationnelle envoie le journaliste dans une FOB en zone de combat. Il partira en général en convoi au bout d’un jour ou deux d’attente à Kabul où s’il est chanceux et en fonction du taux de disponibilité des machines, en hélicoptère. Le journaliste sera escorté par un officier de communication, l’off-com qui est souvent une jeune femme du grade de Lieutenant. Je dois avouer que pour un journaliste cette présence peut quelque fois se révéler pesante mais en général tout dépend de la personnalité de l’officier de communication. Le mieux est bien sur de trouver un gentleman agrément entre le journaliste et l’off-com qui sera le relais entre la presse et l’institution militaire. Le tout est une affaire de confiance réciproque. Le problème est que vu les antécédents de GHESQUIERE et TAPONIER, la confiance n’a certainement pas dû être au rendez-vous.
Les deux hommes vont immédiatement tout faire pour tromper la vigilance de l’off-com du 13 BCA et aller filmer et interviewer les soldats sans sa présence. Les questions seront du style: « avez-vous conscience de l’inutilité de votre engagement ici? » Les deux hommes se complaisent dans la provocation permanente et font visiblement tout pour faire sortir les soldats de leurs gonds en espérant une réaction et des paroles brutales qu’ils pourraient exploiter. Quant la malheureuse off-com tente de les rattraper lorsqu’ils essaient de lui fausser compagnie, elle à droit à plusieurs reprises à un doigt d’honneur. Voilà le type d’hommes que le lobby de la presse tente de faire passer pour des « héros » auprès des Français. Le plus virulent est GHESQUIERE. TAPONIER, le caméraman se montrera plus décent mais néanmoins suivra, peut être à regret, son chef de mission.
Autre énorme reproche, lorsqu’ils seront intégrés à une unité engagée dans une opération, par leur attitude et le non respect de règles tactiques élémentaires, ils mettront en danger leur vie et celle des soldats. Accompagnant des soldats Américains, ils se seraient conduits d’une facon telle que l’officier en charge de la mission y renoncera. Les deux journalistes feront donc échouer une opération militaire. Confrontée à ces multiples problèmes, l’off-com préviendra son supérieur immédiat, le Lieutenant Colonel Jacky FOURQUEREAU, conseiller en communication à Kabul, d’habitude très souple avec les journalistes et grand communiquant. Ce dernier sera forcé d’en référer à Paris à l’Amiral PRAZUCK, grand patron de la communication militaire qui, fait exceptionnel, devra appeler à plusieurs reprises la direction de FRANCE 3 pour l’informer du comportement de ses reporters.
Ceux ci exigent toujours plus et ne comprennent pas qu’en zone de guerre il y a aussi des temps morts et qu’on ne peut monter une opération rien que pour leur beaux yeux. Comme beaucoup de journalistes, ils sont venus en Afghanistan avec un reportage déjà préconçu dans leur tête et seront incapable d’être simplement à l’écoute des soldats. Sans doute déçus de l’accueil et pour cause, ils vont en rentrant à Kabul lancer le processus qui va mener à leur capture. Reconduits à l’aéroport de Kabul, ils ne prendront pas l’avion du retour mais après contact avec leur chaîne vont organiser leur déplorable expédition en Kapissa. N’importe quel journaliste un peu sensé sait qu’il y a des dizaines de chouff qui renseignent les insurgés « Lorsque nous étions avec l’armée française, nous avons constaté qu’il y avait du trafic civil sur la route dans la vallée de Tagab » a déclaré GHESQUIERE. Cette déclaration semblait, pour lui, justifier le fait qu’il pouvait aller se balader en toute impunité et incognito sur une route de l’Afghanistan en guerre et de plus en Kapissa qui est un fief rebelle. Ce raisonnement est très léger et bien sûr tout à fait indigne d’un professionnel de la presse présenté dans les médias comme un vétéran des pays en conflit. N’importe quel journaliste un peu sensé sait qu’il y a des dizaines de chouff qui renseignent les insurgés sur les mouvements de l’OTAN. De plus les Talibans montent très souvent des chek-point mobiles sur les axes. Quant au trafic civil, la vie économique se poursuit en Afghanistan malgré la guerre et ceci ne veut nullement dire qu’il n’y a pas de danger. Les deux journalistes dans cet environnement ne pouvaient pas passer à travers les mailles du filet et leur soi-disant neutralité ne leur servait à rien.
Le seul moyen de travailler avec les Talibans est de les contacter et d’arranger un rendez-vous comme l’avait fait une journaliste de Paris Match après l’embuscade d’Uzbeen en 2008. Mais en fait qu’allaient faire GHESQUIERE et TAPONIER dans la vallée de Tagab ? Eux-seuls bien sur peuvent répondre, mais on peut facilement imaginer qu’ils voulaient démontrer que l’Armée française ne contrôlait rien ou pire, vu leur haine des institutions militaires françaises, assurer aux Talibans leur sympathie. C’est bien naïf! Pour Taleb, un étranger c’est simplement un sacré paquet de pognon et la garantie que les opérations militaires seront gelées dans la région de détention. Et c’est ce qui s’est passé.
Le 30 décembre 2009, GHESQUIERE et TAPONIER sont arrêtés par la population à quelques kilomètres de la COP 49 Hutnik et remis aux Talibans.
Dès l’annonce de leur disparition, la TASK Force Lafayette va mobiliser ses Forces Spéciales et lancer une série d’opérations le long de l’axe sur lequel un jeune chasseur alpin de 19 ans aurait pu très bien être tué. Heureusement ce ne fut pas le cas. Un drone SDTI est en permanence et pendant dix jours mobilisé pour les retrouver. On les sait cachés quelque -part en fond de la vallée d’Allasay. Le coût des opérations de recherche est énorme et le Général GEORGELIN sera critiqué par la presse pour l’avoir révélé. Le fait de détenir deux otages en zone française va forcément mettre le commandement français dans l’embarras En fait les militaires français vont probablement localiser l’endroit où sont détenus les otages et ce dernier fera l’objet d’une surveillance constante afin d’éviter qu’ils ne soient transférés au Pakistan où ils seraient hors d’atteinte. De toute façon, les Talibans locaux ont sans doute de bonnes raisons pour les garder en vallée d’Allasay. Les transférer au Pakistan multiplierait le nombre d’intermédiaires et en cas de paiement de rançon, cela ferait autant d’argent en moins pour le groupe les ayant capturés. Le fait de détenir deux otages en zone française va forcément mettre le commandement français dans l’embarras et permettre aux insurgés de bénéficier d’une certaine impunité dans la zone sanctuaire où ils sont détenus. Un officier sous le sceau de l’anonymat me confiera: « Vous n’imaginez pas la frustration de nos gars qui avaient repéré des groupes d’insurgés. Nos soldats les avaient acculés dans une nasse et ils étaient prêts à être détruits par l’artillerie et l’aviation et on a eu l’ordre de ne rien faire parce qu’il aurait pu y avoir des représailles sur GHESQUIERE et TAPONIER ».
Un autre aspect méconnu. Dans une guerre de contre insurrection comme celle menée en Kapissa, les opérations psychologiques ou civilo-militaires ont une grande importance. Il est très difficile de gagner les coeurs en raison du Patchoun Wali, le code d’honneur patchoun. Nos soldats en liaison avec l’armée afghane tentent cependant de démontrer à la population qu’ils ne sont pas une armée d’occupation mais qu’ils sont ici pour appuyer le gouvernement central. Certains villages peuvent être récompensés et d’autres délaissés parce qu’on les sait acquis, et quelque fois par la force, aux insurgés. Ici le faible a toujours tort et le fait de reculer pour préserver la vie des otages est un aveu de faiblesse.
Par leur légèreté, les deux chouchous des médias ont donc contribué à faire capoter dans de nombreux villages un patient travail de sape. Restait la solution de les récupérer par la force. Les Forces Spéciales avaient repéré l’endroit de détention. En Europe, on ne peut discuter avec les terroristes preneurs d’otages et la force est une solution tout à fait envisageable. Rappelez-vous l’affaire de l’Airbus de Marseille ou de la prise d’otages de l’école de Beslan en Ossétie du nord. Ici une intervention aurait pu réussir mais le coût humain aurait probablement été très élevé. Le fond de la vallée d’Alassay est « territoire indien » et y rechercher des otages était mettre la main dans un nid de guêpes. Opération héliportée? 80% de chance d’avoir un hélicoptère abattu avec sa précieuse cargaison de Forces Spéciales. Au fond de la vallée d’Alassay, il y a des Douchkas et peut être même des KPV de 14.5mm.
L’armée française ne dispose hélas que de 4 hélicoptères de transport sur le théâtre et c’est d’ailleurs un vrai scandale. Les Américains auraient certainement refusé de prêter des Blackhawk et des Chinook pour une opération non militaire. Une opération combinée hélicoptère-route aurait été possible mais elle aurait mobilisé au moins deux SGTIA sur une piste propice aux embuscades et sans doute truffée d’IED. Coût estimable de l’opération au moins cinq morts chez nos garçons. De plus à l’annonce du moindre mouvement de troupes, GHESQUIERE et TAPONIER auraient pu être égorgés, cachés ou transférés au Pakistan ou dans une autre vallée. L’option de les récupérer par la force n’avait donc que très peu de chance de réussir et son coût aurait été inacceptable.
Personnellement et je l’assume j’aurai eu du mal à voir des garçons de 20 ans se faire déchiqueter par des IED pour deux Charlie Oscar November cherchant le scoop à tout prix. Les autorités ont décidé de payer et j’aurais plutôt laissé les « deux héros » moisir quelques années de plus en compagnie de leurs amis Talibans en vallée d’Alassay. La libération des deux « héros » va également être un vrai crève-coeur pour nos soldats. Dans les COP et FOB sous prétexte d’une panne, internet est coupé. Les agences de presse sont averties de la libération des deux hommes et non nos soldats. De plus l’échange a pratiquement lieu à la porte de la COB Tagab où les Taliban se pavanent en compagnie des agents de la DGSE venus chercher les « deux héros ». Nos soldats se sentent humiliés par cette libération faite dans leur dos.
On peut se demander quel est le coût payé pour cette libération. On parle de 20 millions d’euros. Comme d’habitude les autorités démentent, mais de l’argent a été versé et cet argent c’est le nôtre, celui du contribuable français. Et à quoi va servir cet argent? Eh bien a acquérir de l’armement sophistiqué, des munitions, à corrompre les policiers qui laisseront passer les « suicide-bomber », à acheter des IED qui tueront ou mutileront des jeunes de 20 ans. Voilà, messieurs GHESQUIERE et TAPONIER ce que vous avez contribué à faire.
Un Adjudant-chef avec le gros bon sens des hommes qui peinent à la tâche et non des intellectuels de l’ENA qui nous gouvernent me dira: « Pour un soldat, payer ses impots est suicidaire. Cela sert à acheter les armes qui risquent de le tuer ». 17 chefs terroristes ont été libérés Autre chose, en échange de nos deux otages, 17 chefs terroristes ont été libérés et certains ont immédiatement repris du service. Les hommes de la Task Force Lafayette et l’ANA avaient déployé des trésors de ruse pour capturer ces chefs et des hommes sont peut-être tombés ou ont été blessés. Désormais, ils sont dans la nature et contrairement aux moutons occidentaux, ils n’ont aucun esprit de repentance et vont causer du fil à retordre à nos soldats.
Et puis, la profession de la presse a également été punie à cause de l’attitude des deux inconscients. Suite à leur action et par décision gouvernementale, la Kapissa a été interdite aux journalistes pendant presque deux ans. GHESQUIERE et TAPONIER ont donc contribué à créer un black-out médiatique sur cette région. Et pourtant nos soldats ont diablement besoin d’une couverture médiatique impartiale contribuant à renforcer le lien Armée-Nation. Messieurs GHESQUIERE et TAPONIER, vous avez contribué à punir vos propres collègues et à empêcher le peuple français de savoir ce que faisaient leurs soldats. Un Colonel de la communication m’a dit: « Monsieur DEBAY, n’écrivez pas cet article. Cela ne changera rien et de toute façon les grands lobby ont toujours raison. C’est un combat perdu d’avance ».
Désolé Mon Colonel, l’article est écrit et il n’y a jamais de combat perdu d’avance. Depuis la Grande Guerre à l’exception peut être de l’Armée de Lattre nous perdons des batailles parce que là haut, certains de nos grands chefs sont des carriéristes prêts à toutes les compromissions avec le pouvoir en place.
Notre Armée est celle de la République et non du pouvoir en place et il est peut être temps de voir les officiers généraux cesser d’être des avaleurs de couleuvres professionnels. Lobby presse OK mais ce dernier ne doit pas commander aux opérations et c’est ce qui est arrivé avec la lamentable affaire GHESQUIERE et TAPONIER. Nos soldats méritent autre chose car eux ils paient de leur sang.
Avec un peu d’excessivité mais c’est tout à fait pardonnable dans le contexte, un jeune sergent de 21 ans du 1 RCP me dit: « On libère les otages et on enterre les soldats."
Yves DEBAY, 2011